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COVID-19 : QUELS IMPACTS SUR L’ORGANISATION DU TRAVAIL

COVID-19 : QUELS IMPACTS SUR L’ORGANISATION DU TRAVAIL

COVID-19 : QUELS IMPACTS SUR L’ORGANISATION DU TRAVAIL

COVID-19 : QUELS IMPACTS SUR L’ORGANISATION DU TRAVAIL

 

La crise du Covid-19 au-delà d’être une crise sanitaire mondiale, est aussi la crise du monde du travail. Nous constatons malheureusement une réduction de l’activité économique variant selon les secteurs, sans toutefois n’épargner personne. Il est impératif de maintenir en vie nos entreprises, de protéger les travailleurs et veiller à ce que ces derniers ne perdent pas leurs revenus, afin de garantir la continuité de la vie économique.

L’impact de la pandémie du Covid-19 est indiscutable, réel et bien palpable dans certains secteurs d’activité tels que l’hôtellerie, la restauration, les transports terrestres et aériens etc. Cette situation entraine inévitablement des difficultés économiques auxquelles ces entreprises doivent faire face.

Comment adapter l’organisation du travail dans un grave contexte de crise sanitaire ?

Quels sont les mécanismes mis à la disposition des employeurs dans ce sens par la loi ?

Ce sont autant de questions que vous vous posez certainement. Dans ce billet, nous y répondrons en traitant des modalités d’organisation du travail prévues par le législateur Burkinabé pouvant s’adapter à la conjoncture qui frappe certains secteurs d’activités due à la crise du Covid-19.

 

MODALITES D’ORGANISATION DU TRAVAIL FACE AU COVID-19

 

Afin de limiter les conséquences d’une forte baisse d’activité due au Covid-19, des possibilités d’adaptation du travail s’offrent aux employeurs. Dans l’optique de trouver la meilleure issue possible aussi bien pour l’employeur que pour les travailleurs durant cette période de crise, je vous présente un certain nombre de modalités d’organisation du travail qui peuvent guider les uns et les autres dans leur prise de décision.

 Il s’agit entre autre du chômage technique, du travail par roulement, de l’anticipation du congé payé, du redéploiement du personnel, du télétravail.

 

LE CHOMAGE TECHNIQUE

 

La mise en chômage technique de tout ou partie du personnel est l’une des solutions qui peuvent être envisagées par les entreprises face à la crise du Covid-19.

Selon l’article 94 du Code du travail, « le chômage technique est l’arrêt d’activité d’un établissement lié à un évènement insurmontable. Il peut-être total ou partiel ». Et l’arrêté 2006-43/MTSS/SG/DGT portant conditions de mise en chômage technique des travailleurs et leur indemnisation renchérit en présentant le chômage technique comme une interruption collective du travail effectuée par le personnel d’une entreprise ou d’un établissement, résultant soit de causes accidentelles soit d’une conjoncture économique défavorable.

 

En vertu de ces dispositions législatives, l’employeur peut décider de la mise en chômage technique de tout ou partie du personnel pendant une période donnée, qu’il soit lié par un contrat à durée déterminée ou indéterminée. Cette interruption se justifierait par la nécessité d’interrompre collectivement le travail pour des causes accidentelles ou conjoncturelles telles que :

  • Les incendies ;
  • Les catastrophes naturelles (Covid-19) ;
  • Les intempéries ;
  • Pannes de machines ;
  • Guerres ;
  • Emeutes ;
  • Sinistres ou dommages graves au matériel de travail ;
  • Ruptures de stocks de matières premières indépendantes de la volonté de l’employeur ;
  • Dévaluation monétaire ;
  • Inflation ;
  • Méventes ;
  • Surproduction ;
  • Surstock de produits ;
  • Trésorerie négative.

 

Il est important de noter que pour la mise en œuvre du chômage technique, la loi fait obligation à l’employeur de consulter au préalable les délégués du personnel. La décision de mise en chômage technique doit préciser sa durée, son ampleur, ainsi que les compensations financières qui seront proposées aux travailleurs.

 

Le travailleur a droit à une indemnisation durant la période du chômage technique qui varie selon que le chômage est total ou partiel.  En cas de chômage technique total, le taux de l’indemnité compensatrice de rémunération au moins égale à 30% de la rémunération mensuelle moyenne des trois derniers mois avant le chômage technique.

Dans le cas du chômage technique partiel, le travailleur est rémunéré au prorata du temps de travail effectif sans que cette rémunération ne soit inférieure à 50% de la rémunération mensuelle moyenne des trois derniers mois avant le chômage technique.

Dans tous les cas, l’Inspecteur du travail du ressort doit être informé sans délai de toute décision de mise en chômage technique ou de son renouvellement.

 

Il faut noter que durant toute la période d’inactivité, le travailleur est tenu de rester à la disposition de l’employeur qui peut l’occuper pendant la période de chômage pour des travaux relevant de son domaine de compétence. Dans ce cas, le travailleur sera rémunéré comme s’il était en mis en chômage technique partiel. Si le travailleur refuse d’exécuter les travaux qui lui sont demandés, il perd son droit à l’indemnisation afférent à cette période d’arrêt d’activité.

 

La durée du chômage technique est limitée à trois (3) mois renouvelable une seule fois, lorsque les circonstances l’exigent. Au-delà de cette période, l’une ou l’autre des parties peut mettre fin aux relations de travail. Le travailleur a droit au paiement de ses droits de licenciement.

 

Les travailleurs licenciés par suite de chômage technique restent prioritaires pendant deux ans pour l’embauche lorsque l’entreprise revient à meilleure fortune et reprend ses activités.

NB : La période de chômage technique n’est pas prise en compte pour la détermination de l’ancienneté du travailleur.

 

LA REDUCTION DES HEURES DE TRAVAIL

 

Une autre piste qui s’offre aux entreprises pour faire face à la crise du Covid-19 est la réduction des heures de travail. La réduction du temps de travail qui constitue une modification substantielle du contrat dans la mesure où la durée du temps de travail d’un salarié constitue un élément essentiel de son  contrat, consiste au  passage du travail à temps plein au travail à temps partiel.

Selon l’article 85 du Code du travail, toute proposition de modification substantielle du contrat de travail doit se faire par écrit et être approuvé par le travailleur. La mise en œuvre d’une telle mesure nécessite donc l’accord écrit du travailleur.

 

LE TRAVAIL PAR ROULEMENT

 

Le travail par roulement peut également être envisagé par les entreprises dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19. Le travail par roulement consiste à repartir les travailleurs en équipes qui n’auront pas les mêmes jours de travail, ni par conséquent les mêmes jours de repos. Cette forme d’organisation du travail permet de faire face à la réduction d’activité de l’entreprise et d’éviter de rassembler un grand nombre de travailleurs sur le lieu de travail, source de propagation du virus.

Il faut cependant noter que toute dérogation à la règle de l’horaire hebdomadaire légale au profit d’horaires de travail individualisés doit être portée à la connaissance de l’Inspecteur du travail du ressort et des délégués du personnel.

L’ANTICIPATION DU CONGE PAYE

 

L’employeur peut proposer aux travailleurs ayant acquis droit de jouissance au congé une date de départ en congé. Si une date avait déjà été fixée elle peut-être anticipée de commun accord. Pour les travailleurs qui n’ont pas encore acquis droit au congé, les parties peuvent s’entendre pour l’anticipation du congé.

 

LE REDEPLOIEMENT DE PERSONNEL

 

  Le redéploiement du personnel permet de faire face à la réduction du personnel ou à la fermeture provisoire d’un établissement. L’employeur peut recourir à cette technique qui peut revêtir plusieurs formes telles que le changement de poste de travail au sein de la même entreprise, le changement d’établissement au sein d’un même groupe ou encore la mobilité géographique.

Lorsque le contrat de travail contient une clause de mobilité professionnelle, l’employeur peut y recourir sous réserve d’en informer préalablement le travailleur.

 

LE TELETRAVAIL

 

Bien que le législateur burkinabé n’a pas prévu de dispositions particulières en matière de télétravail, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, l’employeur peut y avoir recours temporairement. Il s’agit là d’un aménagement du poste de travail dont le but est de permettre la continuité de l’activité de l’entreprise et assurer la protection des travailleurs.

 

Le télétravail est une forme d’organisation du travail qui s’appuie sur les technologies numériques. Il consiste à fournir sa prestation de travail hors des locaux de l’entreprise en utilisant les TIC (ordinateurs, téléphones, tablettes, internet, téléphonie mobile, fax etc.), de manière régulière et volontaire.

Le télétravail s’effectue en principe au lieu de résidence habituel du travailleur ou à tout autre lieu convenu entre les parties.

 

NB. Tous les postes de travail ne peuvent pas faire l’objet de télétravail. Il serait en effet difficile voir quasi impossible de mettre un maintenancier en télétravail. Il appartient donc à l’employeur de déterminer les postes qui sont compatibles avec le télétravail.

 

Le télétravailleur conserve les mêmes droits que celui qui effectue son travail au sein de l’entreprise.

 

Mon conseil d’Inspecteur du travail

Mon conseil d’Inspecteur du travail

Mon conseil d’Inspecteur du travail 

 

Face à une situation inédite telle que celle que nous vivons actuellement avec la pandémie du Covid-19, il est important que les entreprises privilégient le dialogue social afin de trouver la meilleure manière de traverser cette crise. En effet, il faut mener des concertations, des échanges francs avec l’ensemble du personnel à travers les délégués du personnel afin d’aboutir aux meilleures solutions possibles qui permettront de sauver les emplois et garantir un minimum de productivité pour l’entreprise.

 

 

                                     Syntiche GUEBRE OUEDRAOGO

 


01/04/2020
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COVID-19 ET MILIEU DE TRAVAIL : QUELLES PRECAUTIONS PRENDRE ?

COVID-19 ET MILIEU DE TRAVAIL : QUELLES PRECAUTIONS PRENDRE ?

COVID-19 ET MILIEU DE TRAVAIL : QUELLES PRECAUTIONS PRENDRE ?

COVID-19 ET MILIEU DE TRAVAIL : QUELLES PRECAUTIONS PRENDRE ?

 

Ce n'est un secret pour personne, la pandémie du Covid-19 est bien une réalité avec laquelle nous devrons désormais apprendre à vivre. La crise du Corona virus bouleverse toutes nos habitudes, nos vies, nos manières de faire au quotidien. La maladie sévit sans discrimination si bien qu'aucun milieu ou secteur d'activité n'est épargné.

 

L'évolution de la situation sanitaire au Burkina Faso à contraint l'Etat à prendre des mesures afin de lutter contre la propagation du Covid-19. Cependant, ces mesures ne sont pas sans conséquence sur la vie des entreprises qui se posent bien évidemment des questions quant aux incidences d'une telle pandémie sur leurs activités.

 

Quels sont les moyens juridiques dont les entreprises disposent pour lutter contre la propagation du Covid-19 en milieu du travail ?

 

Dans ce billet, nous allons fournir des recommandations et des mesures de prévention dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19 en milieu de travail. Ces mesures porteront essentiellement sur la protection de la santé et la sécurité des travailleurs pendant la pandémie.

 

 

COMMENT PREVENIR LA PROPAGATION DU COVID-19 EN ENTREPRISE ?

 

Pour prévenir efficacement le Covid-19 sur les lieux de travail,  les entreprises doivent respecter d'une part les mesures de prévention individuelle et collective préconisées par le Ministère en charge de la Santé et d'autre part, les mesures de prévention spécifiques à l'entreprise.

 

  1. LES MESURES DE PREVENTION INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE

     

     

Le Ministère de la santé dans son plan de riposte contre le Covid-19 préconise un certain nombre de mesures de prévention individuelle et collective à savoir :

 

  • Se laver régulièrement les mains avec du savon ou utiliser du gel hydro-alcoolique;

 

  • Couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude ou avec un mouchoir lorsque l'on tousse ou éternue et jeter le mouchoir;

 

  • Eviter de cracher à terre;

 

  • Eviter les contacts rapprochés avec les personnes présentant une toux et un rhume avec lesquels il faut observer une distance d'un mètre;

 

  • Eviter les contacts avec les animaux et la consommation de produits d'origine animale crus ou mal cuits 

 

Il incombe à l'employeur de faire respecter ces mesures ainsi préconisées par toute personne présente dans l'entreprise qu'il s'agisse de lui-même employeur, des travailleurs, des usagers, des clients, des agents de contrôle etc.

 

Ces mesures doivent être normalement observées :

 

- Sur le lieu de travail et sur tout espace servant de lieu de travail;

 

- Sur les lieux où le travailleur reçoit sa paye, prend ses pauses ou ses repas ou utilise des installations sanitaires, des salles d'eau ou vestiaires ;

 

- au cours des déplacements liés au travail.

 

  1. LES MESURES DE PREVENTION SPECIFIQUES A L'ENTREPRISE

 

Selon l'article 236 du Code du travail du Burkina Faso, le chef d'établissement à l'obligation de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs de l'établissement y compris les travailleurs temporaires, les apprentis et les stagiaires. 

Il lui incombe donc de prendre les dispositions nécessaires pour permettre aux salariés de travailler dans un environnement sûr et sain.

 

En lien avec les mesures générales de prévention préconisées par le Ministère de la Santé, des mesures s'adaptant aux réalités des entreprises peuvent être envisagées.

J'ai recensé ci-dessous un certain nombre de mesures recommandées par l'Organisation Internationale du Travail et le Ministère du Travail, du Dialogue Social et des Relations avec les Institutions du Sénégal pour lutter contre la pandémie en milieu de travail. Mises en œuvre, ces mesures contribueront sans conteste à réduire considérablement la propagation du Covid-19 en milieu de travail.

 

RECOMMANDATIONS AUX EMPLOYEURS

 

  • Prévoir à l'entrée des entreprises des mesures de détection de température, de nettoyage des mains et de port de masques pour tout le personnel ainsi que pour toute personne étrangère au service.

 

  • Maintenir les lieux de travail ainsi que toute machine, équipement, véhicule, locaux, mobiliers dans un état permanent de propreté (nettoyage et désinfection).

 

  • Renforcer les bonnes pratiques d'hygiène et prendre les précautions de sécurité qui s'imposent.

 

  • Former et informer les travailleurs sur les mesures de prévention en collaboration avec les délégués du personnel, le comité de sécurité et santé au travail pour les entreprises qui remplissent les conditions pour en avoir, et le service de santé au travail.

 

  • Aménager les restaurants d'entreprise de sorte à laisser une distance d'un mètre entre les personnes à table.

 

  • Limiter autant que possible les réunions et les regroupements de salariés dans de petits espaces.

 

  • Annuler ou reporter les déplacements professionnels non indispensables.

 

  • Privilégier le télétravail lorsque cela est possible.

 

  • Encourager et contraindre les travailleurs infectés par le virus à rester chez eux et renvoyer à la maison ceux qui sont malades.

 

  • Placer en quarantaine les travailleurs susceptibles d'avoir été exposés.

 

  • Soustraire du lieu de travail les travailleurs atteints de maladies chroniques.

 

  • Renforcer la surveillance médicale des femmes enceintes ou qui viennent d'accoucher et au besoin leur  accorder un repos en cas d'évolution de facteur de risques.

 

  • Suivre l'évolution de la situation au jour le jour.

 

  • Si possible, désigner une équipe de gestion en cas d'urgence.

 

 

 

RECOMMANDATONS AUX TRAVAILLEURS

 

  • Se conformer aux mesures générales préconisées et aux dispositions sécuritaires prises par l'employeur.

 

  • Veiller personnellement à sa sécurité et à celle des collègues en respectant les consignes sanitaires qui sont données.

 

 

  • Eviter de se toucher le visage; se couvrir la bouche lorsqu'on tousse ou qu'on éternue. Si une personne ne se sent pas bien, elle doit s'isoler et solliciter une assistance médicale.

 

  • Informer l'employeur de toute apparition de symptômes d'infection.

 

 

  • Adopter un comportement responsable en évitant toute exposition (contact, sorties inutiles etc.), discrimination et stigmatisation.

 

  • Informer l'employeur en cas d'exposition et de déplacement ou de retour d'une zone à risque.

 

 

  • Signaler immédiatement à son supérieur hiérarchique direct, aux délégués du personnel et à l'Inspecteur du Travail du ressort toute situation dont ils ont un motif raisonnable de penser qu'elle présente un péril grave et imminent pour leur vie ou leur santé (droit d'alerte).

 

  • A défaut de mesures tendant à faire cesser le péril en question, ils peuvent exercer leur droit de retrait.

 

 

  • Encourager les comportements responsables, respecter les mesures prises en réponse à la crise, et rester calme.

 

La pandémie du Covid-19 vient rappeler aux entreprises que quel que soit leur niveau de préparation, il peut arriver que les choses ne se passent pas comme prévu. Cette crise doit donner l’opportunité aux entreprises de repérer et combler leurs lacunes en matière de sécurité et santé au travail. Peu importe la façon dont la pandémie évoluera, les entreprises doivent se donner les moyens de s’adapter afin de garantir leur productivité et la continuité de la vie économique. Les bonnes habitudes instituées pour contrer la pandémie doivent désormais faire partie de la culture d’entreprise. 

Prenez soin de vous, prenez soin des autres !

 

             

                                      Syntiche GUEBRE OUEDRAOGO

 


27/03/2020
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L’Académie sur la transition vers l’économie formelle : Prendre action

L'Accademie sur la transition vers l'économie formelle : Prendre action 

 

Un an après mon premier séjour sur le campus du Centre International de Formation de l’OIT, (CIF-OIT) à Turin en Italie, pour participer au cours intitulé « Techniques de négociation pour le monde du travail », j’y reviens cette fois, pour participer à l’Académie sur la transition vers l’économie formelle-Prendre action, organisée par le programme « Informal Economy » du CIF-OIT.

 

Bientôt 09 heures 30, et le clap de départ de l’Académie sera donné en ce 12 du mois de novembre 2018. Le campus n’a pas du tout changé, mais le climat si. Pas vraiment le temps de contempler le magnifique cadre du campus, en ce temps de grand froid. Quoi qu’il en soit, excitée je l’étais, à l’idée d’assister à l’ouverture de ce grand forum mondial qui allait s’étaler sur deux semaines.

L’Académie sur la transition vers l’économie formelle a regroupé plus d’une centaine de participants, aux profils divers, venant des quatre coins du monde ; Afrique, Asie, Europe, Amérique, tous intervenants à des degrés divers dans la lutte contre le travail informel.

Les deux semaines de travaux de l’Académie se sont déroulées entre sessions en plénière et cours optionnels. Les sessions en plénière ont permis entre autres aux panélistes de définir le cadre conceptuel de l’économie informelle, de partager les données et tendances sur l’informalité dans le monde, de présenter la Recommandation 204, d’aborder la question du travail décent, de l’organisation des travailleurs et des entreprises dans l’économie informelle ainsi que du rôle des coopératives dans la lutte contre le travail informel.

Durant les deux semaines, neuf cours optionnels ont été proposés aux participants. Ce sont :

  • Diagnostic de l’informalité : méthodologies pour évaluer les acteurs et l’ampleur de l’économie informelle.
  • Formaliser les entreprises informelles : mesures et outils.
  • Extension de la protection sociale aux travailleurs de l’économie informelle.
  • Formalisation de la relation de travail.
  • Formaliser le travail domestique.
  • Sortir de l’informalité rurale.
  • Renforcement du rôle des inspecteurs du travail dans l’économie informelle.
  • Politiques de formalisation : comparer les innovations en matière de formulation et mise en œuvre de politiques (études de cas de différentes régions).
  • Développement des compétences dans et pour l’économie informelle

L’Académie sur la transition vers l’économie informelle- Prendre action, s’est déroulée dans un véritable esprit de respect mutuel, de convivialité, de partages d’expériences. Entre jeux de rôles, travaux de groupe, exercices pratiques, les participants ont été mis dans d’excellentes conditions pour aborder tous les contours de la question de l’informalité.

C’est dans une ambiance festive que les activités de la deuxième Académie sur la transition vers l’économie formelle ont pris fin le vendredi 23 novembre 2018. Mais avant les organisateurs ont offert un merveilleux diner la veille à tous les participants, diner qui s’est déroulé entre pas de danses et remises de cadeaux.

 

Pourquoi une Académie sur la transition vers l’économie formelle et sa pertinence pour l’Inspecteur du travail ?

 

82% des burkinabè actifs sont occupés dans un emploi, et 95,5% de ces travailleurs exercent leur activité dans le secteur informel. Ce constat est plus prononcé en milieu rural où la quasi-totalité (99,2%) des actifs occupés est dans l’économie informelle, notamment dans le domaine agricole, contre 80,7% en milieu urbain, majoritairement dans le secteur tertiaire

 

La question de l’économie informelle est au fil du temps devenue une préoccupation mondiale. En effet on compte deux milliards de travailleurs employés dans un emploi informel dans le monde. Plus de 60% de l’emploi mondial est informel.

 Ce secteur qui emploie des milliers de personnes, se caractérise par l’absence de protection sociale et la grande pauvreté des travailleurs, qui sont employés dans de mauvaises, voire pires conditions de travail. De nombreuses entreprises, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes, opèrent dans l’économie informelle pour des raisons de nécessité et/ou d’opportunité. L’emploi informel peut être trouvé aussi bien dans le secteur informel, que dans le secteur formel.

 

Au regard de ce constat, la tenue d’une Académie sur la transition vers l’économie formelle s’impose comme une nécessité. L’Académie est une plateforme d’apprentissage offerte aux participants pour examiner les pratiques prometteuses en matière de transition de l’économie informelle à l’économie formelle, ainsi que pour engager un dialogue constructif et un débat sur l’avenir de l’informalité. Durant cette session, les participants ont eu l’opportunité de s’enquérir des idées les plus avancées sur les concepts et les méthodologies pour réduire l’informalité, d’échanger sur les pratiques existantes, et d’adapter les leçons apprises au contexte spécifique de leurs pays. Ainsi, les participants ont été sensibilisés au fait que le processus vers la formalisation doit se faire progressivement et non à travers un harcèlement des acteurs, qu’il faille mettre en place des stratégies intégrées en privilégiant le dialogue social, l’accent doit être prioritairement mis sur la sensibilisation, que des mesures incitatives doivent être offertes aux entreprises en vue de les amener à se formaliser, en sachant combiner le bâton et la carotte.

Les Inspecteurs du Travail du fait de leur rôle prépondérant dans tout processus de formalisation et de promotion du travail décent, se doivent de garantir l’application de la loi dans les secteurs économiques dans lesquels la loi peine à s’appliquer, afin d’œuvrer pour une véritable protection des travailleurs employés dans ces secteurs.

 

Les défis en matière de conformité sont énormes dans l’économie informelle. L’Inspecteur du travail en tant qu’agent chargé du contrôle de l’application effective de la législation sociale sur les lieux de travail, doit être outillé afin d’assurer une protection efficace aux travailleurs du secteur informel. D’où la pertinence de cette formation qui offre des stratégies efficaces afin d’améliorer l’intervention de ces acteurs du monde du travail dans ce secteur.

 

Je recommande vivement cette formation à tous les Inspecteurs du travail. N’hésitez surtout pas à postuler. Offrez-vous l’opportunité de vivre cette merveilleuse aventure humaine et professionnelle.

Je ne saurai terminer cet article sans exprimer ma gratitude au Centre International de Formation de Turin et au bureau pays de l’OIT Abidjan à travers le projet APERP, qui se sont entendus pour financer ma participation à cette Académie. Merci pour tout…

 

Mention très spéciale à la dynamique et brillante équipe d’organisation de cette Académie dirigée avec excellence par Mme Coumba N’Dèye Diop, une dame absolument percutante qui n’a laissé personne indifférent de par sa gentillesse, et sa maitrise parfaite du sujet durant cette session. Chapeau à vous ! L’Académie a été un véritable succès.

 

A très bientôt pour de nouvelles aventures…

 

Syntiche GUEBRE OUEDRAOGO

 


02/04/2019
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Interview d'un Inspecteur du travail de la Côte d'Ivoire : Aka Didier Kouadio, nous parle de sa participation à l'Académie sur la transition vers l'économie formelle organisée à Turin par le CIF-OIT

Du 12 au 23 novembre 2018 s'est tenue au CIF-OIT à Turin, l'Académie sur la transition vers l'économie formelle : Prendre action. Les inspecteurs du travail étaient très bien représentés à ce grand forum mondial. L'occasion faisant le larron nous en avons profité pour parler de l'avenir du corps dans nos différents pays, ainsi que des défis que nous devons relever au quotidien. Kouadio Aka Didier, Administrateur du travail de la Côte d'Ivoire, un monsieur dynamique et très compétent avec qui j'ai énormément échangé durant cette Académie, a consenti à m'accorder une interview pour parler de l'activité, ainsi que des défis auxquels est confronté l'Administration du travail dans son pays. 

 

Pouvez-vous vous présenter svp?

 

Je m'appelle Kouadio Aka Didier, Administrateur du travail et des lois sociales, je viens de la Côte d'Ivoire. J'exerce au Ministère de l'emploi et de la Protection Sociale plus précisément à la Direction Générale du Travail, en qualité de Chargé d'Etudes.

 

Quelle appréciation générale faites-vous de la tenue d'une Académie sur la transition vers l'économie formelle ?

 

D'une manière générale, il faut dire que cette formation est venue à point nommé, dans la mesure où la question de l'économie informelle est devenue une préoccupation mondiale. C'est à juste titre que j'apprécie hautement la tenue de ce grand forum mondial qu'est l'Académie sur la transition vers l'économie formelle : Prendre action.

 

Dans votre intervention dans le secteur informel, à quels défis majeurs  êtes-vous confrontés en tant qu'Inspecteur du travail ?

 

Je ne sais pas si je peux épuiser mes défis dans le cadre de l'intervention dans l'économie informelle. Mais, il faut dire que l'économie informelle occupe une place importante dans mon pays avec un taux de présence de 92,8% dans l'économie nationale. L'un de mes plus grands défis, c'est de parvenir à une réduction drastique de ce taux. 

En outre, au cours des différentes présentations, j'ai noté et apprécié la synchronisation des actions administratives dans ce domaine. Alors l'un des défis majeurs est de parvenir à mettre en place un cadre commun de concertation des différentes administrations, bien sûr, sous la conduite du Ministère en charge du travail, pour mener le combat de la transition vers l'économie formelle. 

 

Quels sont les grands défis de l'Administration du travail en Côte d'Ivoire ?

 

L'Administration du travail en Côte d'Ivoire fait face à de nombreux défis en ce moment. On peut citer entre autres:

  • Le défi de la mise en place d'un nouveau système diagnostique des statistiques des services en charge du travail.
  • Le défi de l'adoption du document PPTD 2017-2020 qui participe du travail décent sous toutes ses formes.
  • Le défi de l'organisation des élections professionnels pour déterminer la représentativité des centrales syndicales afin de permettre un dialogue social inclusif.
  • Le défi de la mise en place d'une politique nationale du travail (PNT).

Votre dernier mot ?

 

Mes remerciements appuyés à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à la tenue et à la réussite de cette importante session qui nous à permis d'être édifiés notamment sur les différentes expériences exposées.

Je te remercie

 

 

 


20/12/2018
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Interview d'un Inspecteur du travail du Sénégal : Ablaye NDoye nous parle de l'intérêt de l'Académie sur la transition vers l'économie formelle pour les Ministères du travail

Je participe depuis le 12 novembre 2018 à l'Académie sur la transition vers l'économie formelle organisée par le Centre International de Formation de Turin (CIF-OIT) en Italie. L'Académie offre une belle opportunité de partages d'expériences entre une centaine de praticiens du domaine de la lutte contre l'informalité. En marge des activités de cette Académie, Monsieur Ablaye NDoye, Inspecteur du travail du Sénégal avec qui j'ai beaucoup échangé sur les réalités des Administrations du travail de la sous région, a consenti à m'accorder une interview pour parler de sa participation à l'Académie , ainsi que des défis auxquelles sont confrontés l'Administration du travail dans le processus de formalisation.

Le corps des inspecteurs du travail du sénégal dispose d'un statut particulier. 

 

 

 

 

 

 

Ablaye NDoye :

Ablaye NDoye :" Le métier d'Inspecteur du travail est très noble, car nous sommes les garants de la paix sociale. Nous devons travailler à faire connaître la mission économique de l'inspection du travail "

 

Pouvez-vous vous présenter svp ?

 

Je suis sénégalais. Je m'appelle Ablaye NDoye, je suis en service au Ministère du Travail, du dialogue social et des organisations professionnelles et des relations avec les Institutions, particulièrement à la Direction de la Protection sociale.

 

 

Vous participez à l'Académie sur la transition vers l'économie formelle organisée par le CIF-OIT, quelle appréciation générale pouvez-vous faire de l'Académie ? 

 

Je trouve très intéressante l'Académie sur la transition vers l'économie formelle. Les thèmes qui y sont déroulés regorgent d'un intérêt capital et nous permettent de mieux comprendre les différentes composantes du secteur informel. J'apprécie beaucoup la méthodologie adoptée, les cas pratiques, les partages d'expériences, etc.

Je remercie l'équipe organisatrice. Elle a réussit un grand pari. 

L'Académie sur la transition vers l'économie formelle présente beaucoup d'intérêt pour le Ministère du travail sénégalais, dans ce sens qu'elle recoupe les objectifs de l'un des projets en cours au sein du dit Ministère. En effet, le RSPC, Régime Simplifié pour les Petits Contribuables, projet du Ministère du travail, vise la formalisation de l'économie informelle. C'est un régime simplifié plus adapté pour les les acteurs évoluant dans le secteur informel qui se fixe pour objectif l'accompagnement de la transition vers l'économie formelle.

 

 

 

 

 

Pouvez-vous nous parler de vos défis en tant qu'inspecteur du travail dans votre intervention dans le secteur informel ?

 

Aujourd'hui, l'inspection du travail dont la mission principale est le contrôle de conformité de la législation sociale, a un grand défi à relever dans son intervention dans le secteur informel. A l'occasion des missions de contrôles, les Inspecteurs du travail ont l'habitude de dérouler des fiches comprenant plusieurs rubriques relatives à la gestion administrative du personnel, à la SST, à l'ergonomie, etc. Mais il a été constaté que ce modèle de fiches n'était  pas adapté à la structuration des acteurs du secteur informel. A cet effet, un outil méthodologique d'intervention de l'Inspection du travail dans le secteur informel a été élaboré. Grâce a cet outil, un modèle de fiche jugé plus adapté a été adoptée. Mais jusque là, l'intervention de l'Inspection du travail dans le secteur informel n'est faite que de manière timide. Cela est dû en partie, au déficit de personnel. Il urge aujourd'hui de renforcer les moyens humains de l'inspection du travail.

 

Quelles sont les défis de l'Administration du travail d'une manière générale au Sénégal

 

 Les défis de l'Administration du travail sont nombreux. Mais concernant le secteur informel, la mise en oeuvre du RSPC est notre priorité. Cette mise en oeuvre va impliquer le renforcement des moyens humains et matériels des Inspections. Outiller l'inspecteur du travail de manière à ce qu'il accomplisse pleinement son rôle dans le secteur informel, en particulier, est un défi majeur pour le Ministère. 

 

Votre dernier mot

 

 

Je te remercie pour l'opportunité que tu m'as offerte de parler de mon sentiment par rapport à cette Académie. Je remercie encore une fois le BIT et toute l'équipe de Coumba Diop pour l'organisation de cette session. J'appelle à plus de synergie d'actions de tous les départements ministériels et organismes intervenant dans le secteur informel. Un cadre de concertation réunissant tous les acteurs s'impose. Je te remercie.

 

 

 


20/12/2018
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